16ème édition des Assises du journalisme

Comment retrouver le goût de l'info ?

Photo Bastien Dufour

Photo Bastien Dufour

Les Assises du Journalisme de Tours se sont déroulées du 27 mars au 1er avril 2023. Cette 16e édition devait apporter des solutions pour retrouver le goût de l'information, d'où le titre de cette année. À travers des conférences et débats au programme, nous nous sommes plutôt questionnés sur la manière dont le goût de l'interaction, du public et du partage pouvait renaître.

Les catalyseurs de la méfiance envers les journalistes, à l'exemple de BFMTV, sont les premiers à œuvrer pour recréer des liens avec leurs interlocuteurs. Lors d'ateliers et de rencontres avec les générations de demain, certains professionnels et étudiants tentent d'échanger et de partager leur passion pour le métier. Une profession qui doit s'adapter aux nouvelles attentes d'un public soucieux vis-à-vis des questions environnementales. Le développement de l'intelligence artificielle au sein des rédactions bouleverse les pratiques du travail journalistique qui se tourne vers une automatisation.

Il apparaît alors que les devenirs du journalisme ne sont pas de retrouver le goût de l'information d'il y a 20 ans, mais d'imaginer ce qu'il sera et deviendra.

De gauche à droite : Baptiste Bozon, Valentine Brevet, Nina Osmond et Bastien Dufour. Nous sommes les quatre représentants de l'EJC à Tours pour cette 16e édition. Sur cette photo on se situe dans l'auditorium de l'espace MAME, pendant une conférence. Photo : Assises du Journalisme.

De gauche à droite : Baptiste Bozon, Valentine Brevet, Nina Osmond et Bastien Dufour. Nous sommes les quatre représentants de l'EJC à Tours pour cette 16e édition. Sur cette photo on se situe dans l'auditorium de l'espace MAME, pendant une conférence. Photo : Assises du Journalisme.

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Plusieurs invités ont dû participé à distance via cet écran géant, ne pouvant se rendre sur place à cause des grèves. C'est le cas d'Alexandre Kouchner, rédacteur en chef de L'ADN-Le Shift lors de la conférence sur la charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique, animée par Sidonie Watrigant (à droite), directrice de l'ESJ Pro, aux côtés de Steven Jambot, journaliste à RFI et Anne-Sophie Novel, co-autrice de la charte. Photo Bastien Dufour

Plusieurs invités ont dû participé à distance via cet écran géant, ne pouvant se rendre sur place à cause des grèves. C'est le cas d'Alexandre Kouchner, rédacteur en chef de L'ADN-Le Shift lors de la conférence sur la charte pour un journalisme à la hauteur de l'urgence écologique, animée par Sidonie Watrigant (à droite), directrice de l'ESJ Pro, aux côtés de Steven Jambot, journaliste à RFI et Anne-Sophie Novel, co-autrice de la charte. Photo Bastien Dufour

Remise des prix des 16e Assises Internationales du Journalisme à Tours le 30 mars 2023. De gauche à droite, Patrick Cohen, Frédéric Carbonne, Alice Géraud, Rémy Rieffel, Franck Dépretz, Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts. Photo Assises du Journalisme/Jean Tramier

Remise des prix des 16e Assises Internationales du Journalisme à Tours le 30 mars 2023. De gauche à droite, Patrick Cohen, Frédéric Carbonne, Alice Géraud, Rémy Rieffel, Franck Dépretz, Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts. Photo Assises du Journalisme/Jean Tramier

Une édition légèrement perturbée par la grève

Pour sa seizième édition, les Assises Internationales du Journalisme de Tours se sont vues un peu perturbées, mais sans impact très significatif.

Une seizième année de débat et d’échanges autour du journalisme s’est tenue à Tours (Indre-et-Loire) fin mars. Une édition placée sous le grand questionnement "Comment retrouver le goût de l’info ?" notamment au vu des résultats du dernier baromètre sur l’utilité du journalisme (voir les articles consacrés à ce sujet plus bas).

Comme chaque année, de nombreuses conférences, des ateliers, et des remises de prix se sont tenus dans l’enceinte de l’espace MAME. De grands noms du journalisme ont pu être aperçus. Notamment Patrick Cohen, éditorialiste sur France Télévision, Cécile Sourd, directrice générale de Médiapart, Thierry Thuillier, directeur de l’information du Groupe TF1, Julie Joly, directrice de l’Obs, Frédéric Courant, ancien co-présentateur de C’est pas Sorcier sur France 3, et bien d’autres.

Une annulation et des visioconférences

Pourtant, après trois éditions perturbées par la pandémie de Covid-19, ce sont les grèves intersyndicales et interprofessionnelles contre la réforme des retraites qui sont venues mettre du sable dans un engrenage pourtant bien huilé. Et pour cause, après une soirée d’ouverture le lundi 27 mars, la première des trois « Journée MAME » (du nom de l’espace consacré aux conférences et ateliers) se tenait un jour de mobilisation générale à l’appel de tous les syndicats. Cela aura surtout entraîné des perturbations dans les déplacements des intervenants, fortement impactés par la grève des réseaux ferrés. "Nous avons dû annuler une conférence mardi matin et mettre plusieurs intervenants en visio sur l’écran géant", explique Jérôme Bouvier, le président de Journalisme et Citoyenneté, à l’origine de l’événement. Cependant, s’il n’a pas de chiffres précis, il "estime la baisse de fréquentation du premier jour à environ 20%, notamment car des professeurs ont fait grève et n’ont donc pas emmené leurs élèves".

Une remise de prix "cohérente"

Les autres jours se sont déroulés selon le programme jusqu’à la clôture des « journées MAME » par l’annuelle remise des prix des Assises, récompensant les meilleurs travaux journalistiques de l’année écoulée. Avec un jury présidé par les fondateurs du média Les Jours, Isabelle Roberts et Raphaël Garrigos, quatre prix sont décernés : Alice Géraud pour Sambre, Radioscopie d’un fait-divers dans la catégorie "Livre du journalisme", Rémy Rieffel pour L’emprise médiatique sur le débat d’idées. Trente années de vie intellectuelle 1989-2019 dans la catégorie "Recherche" sur le journalisme, Franck Dépretz pour Dans l’empire médiatique du Crédit Mutuel dans la catégorie "Enquête et reportage" sur le journalisme et enfin le grand prix du journalisme décerné aux sociétés des journalistes du JDD et de Paris-Match qui luttent contre l’influence de Vincent Bolloré. Une remise de prix jugée « cohérente » par de nombreuses personnes dans l’assemblée et notamment par Jérôme Bouvier en clôture de la cérémonie. Une liste qui n’est certainement pas indifférente à l’empreinte des présidents du jury qui consacrent une série à Vincent Bolloré dans leur média, bien qu’ils se soient retirés du jury sur le livre du journalisme, une des nommés étant une ancienne collaboratrice et associée des Jours.

Bastien Dufour

Face à la fatigue informationnelle, une reconquête du goût de l’information 

La fondation Jean-Jaurès a révélé par une enquête que 53% des Français sont touchés par la fatigue informationnelle

Le flux continu et massif de l’information et la multiplication des canaux de diffusion ont provoqué une infobésité et le rejet de l’information. La mise en retrait du champ informationnel « a des conséquences dangereuses pour la vie démocratique » alerte David Medioni, journaliste et directeur de l’Observatoire des médias de la Fondation Jean-Jaurès.  

« Les médias ont une part de responsabilité » 

David Medioni reconnaît que « les médias traditionnels ont une part de responsabilité » dans le dégoût de l’information chez plus d’un Français sur deux. Il déplore leur « volonté de toujours étonner plutôt qu'informer » en usant en surabondance des « informations plastiques, qui viennent polluer le champ informationnel, lui faire perdre sens et l’éloigner de sa mission initiale », qui est d’analyser, de vulgariser et de hiérarchiser l’actualité. Mais la responsabilité n’est pas unilatérale, avance-t-il, « l’individu à un questionnement à avoir sur la façon dont il relationne avec l’information ». David Medioni remet également en cause le manque d’éducation aux médias et les « sur réactions des politiques et des dirigeants d’entreprises » sur des événements d’actualité. 

Fatigue informationnelle et fatigue démocratique 

La fatigue informationnelle serait liée à une fatigue démocratique généralisée. Comme l’obésité où les aliments sont stockés en graisse non transformée en énergie, “L’infobésité” consiste à entreposer des informations sans les assimiler et les transformer en connaissance essentielle à la compréhension et à la prise de décision politique. Sans les clés de compréhension du monde que doivent apporter les médias, « Quid d’une société où le débat disparaîtrait et où chacun, à commencer par les plus jeunes, suspendrait son jugement ? » interroge David Medioni. L'intérêt des citoyens pour la démocratie est alors en jeu. 

Nina Osmond

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La fatigue informationnelle, illustration à partir de Le cri-Edward Munch ( Crédit : Nina Osmond )

La fatigue informationnelle illustration à partir de Le cri-Edward Munch ( Crédit : Nina Osmond )

Baromètre Viavoice : 84 % des Français jugent le journalisme utile, un score historiquement faible

84% : même si pourcentage paraît élevé, s'agit du plus faible score d'affirmation d'utilité du journalisme depuis le lancement du baromètre Viavoice pour les Assises internationales du journalisme.

84 % des Français estiment que le journalisme est un métier utile, selon un sondage Viavoice* pour les Assises internationales du journalisme de Tours publié mardi 28 mars en partenariat avec Radio France, France Télévisions, France Médias Monde et Ouest France. En baisse de six points par rapport à 2022 (90 %), ce score était de 91 % au cœur de la crise sanitaire en octobre 2020. Il s'agit du plus faible score d'affirmation d'utilité du journalisme depuis le lancement du baromètre. L'utilité du métier est plus affirmée par les jeunes de 18-24 ans (88 %) que par les Français âgés de 25 à 34 ans (80 %) et ceux de 60 ans et plus (85 %).

Les Français font de plus en plus confiance à des sources "en dehors des médias de référence"

76 % des Français continuent de faire confiance en premier lieu à l'information qu'ils trouvent dans les "médias professionnels" (télévision, sites de journaux et surtout radios, en tête). Cependant, 67 % d'entre eux estiment "qu'on peut trouver des informations fiables en dehors des médias de référence". Cette tendance est en hausse de trois points.

Le journalisme comme "institution", dont l'édition 2022 avait souligné la vocation de pilier démocratique, se trouve également "bousculé" : 83 % des Français estiment que le journalisme existera toujours et qu'on ne peut pas imaginer une société sans médias, mais cette proportion chute de 4 points par rapport à l'an dernier.

De même, 81 % des interrogés estiment que le journalisme est indispensable dans une société démocratique, soit trois points de moins que l'an dernier. Si les niveaux de confiance restent élevés, "ces légers reculs sont à prendre au sérieux", indique Adrien Broche de l’institut Viavoice.

Un tiers des sondés a perdu le goût de s’informer

Pour un Français sur quatre (26 %), ces trois dernières années, marquées par le coronavirus, la guerre en Ukraine et l'urgence climatique, ont plutôt renforcé le goût de s'informer. Ils sont tout de même un tiers (32 %) à déclarer qu'elles leur ont plutôt donné le sentiment d'avoir perdu le goût de s'informer. En cause : une information considérée comme trop anxiogène (74 %), un journalisme qui se répète (73 %) et un manque de confiance dans les journalistes (49 %).

Plus de neuf Français sur dix continuent toutefois de s'informer au moins une fois par semaine, et 69 % déclarent le faire "tous les jours". 88 % estiment toujours que "s'informer est "quelque chose d'utile" et 84 % "quelque chose d'indispensable, en tant que citoyen".

Parmi les sujets sur lesquels les Français s'informent le plus, on retrouve les questions de société, la santé, les faits divers et l'économie. Par ailleurs, 48 % des Français, soit près d'un sur deux, s'informent régulièrement sur l'urgence climatique. En cette année de réforme des retraites, les Français s'intéressent d'abord à l'actualité nationale (74 %), avant celle de leur ville (43 %). L'actualité internationale intéresse 30 % des Français, et l'actualité européenne seulement 18 %.

La partialité des journalistes pointée du doigt

Une courte majorité des Français (54 %) estime que la qualité de l'information délivrée par les journalistes s'est par ailleurs détériorée ces dernières années. Ils sont 74 % à regretter que l'information soit parfois fausse et relayée trop vite. La partialité des journalistes est également pointée du doigt par 70 % des sondés. Face à ce constat, 63 % des Français assurent qu'une information mieux vérifiée pourrait les inciter à davantage s'informer.

*Le sondage a été réalisé en ligne du 9 au 13 mars sur un échantillon représentatif de 1001 personnes majeures, selon la méthode des quotas appliquée aux critères du sexe, de l'âge, de la profession, des régions et catégories d'agglomération.

Valentine Brevet

"Vu des quartiers", un outil porte-voix des banlieues

En réponse à un traitement médiatique sensationnel et inégal des quartiers prioritaires, l’association des maires Ville&Banlieue et BFMTV ont initié l’annuaire "Vu des Quartiers". Présenté aux Assises du Journalisme de Tours mardi 28 mars, l’outil vise à revaloriser l’image et le dynamisme des banlieues en créant un lien entre habitants et journalistes.

"On reproche aux journalistes d’être éloignés des préoccupations des banlieues. Quand on regarde le journal télévisé, les gens issus de ces quartiers n’y ont pas de place ou si l’on en parle, c’est de manière négative : violence, pauvreté, etc.", indique Michel Dumoret, directeur en charge de la lutte contre la désinformation à France Télévisions. En France, 6 millions de personnes habitent dans 1.514 quartiers prioritaires et manquent de visibilité. Face à ce constat, BFM TV en collaboration avec l’association des maires Ville&Banlieue a créé « Vu des Quartiers », un annuaire qui met en valeur les contacts d’habitants et d’acteurs des quartiers prioritaires qui sont volontaires pour échanger avec la presse. Pour Maxime Daridan, délégué BFM/RMC pluralisme et diversité, l’objectif est de "parler plus justement et de façon plus équilibrée de ce qu’il se passe dans ces quartiers, et d’ainsi pouvoir rétablir un lien de confiance entre les journalistes et les habitants de banlieues".

"Des collègues reporters de guerre m’ont dit qu’ils préfèrent travailler en Irak plutôt qu’en banlieue"

"Sortir une caméra en banlieue, c’est se confronter à des réactions hostiles. Des collègues reporters de guerre m’ont dit qu’ils préfèrent travailler en Irak plutôt qu’en banlieue, fait savoir Antoine Ly, délégué éditorial radio France en charge de la diversité et de l’égalité des chances. C’est hallucinant, mais ça montre le fantasme autour de ces quartiers." En cause : une méfiance envers les médias du fait du traitement sensationnel des banlieues comme l’explique Maryam El Hamouchi, journaliste au pôle enquête et reportage à l’AFP : "On a tendance à se rendre dans les banlieues uniquement quand ça chauffe alors qu’il faudrait y être présent pour n’importe quel sujet."

Multiplier les interlocuteurs et les sources

À terme, Maxime Daridan espère que l’outil permettra de "diversifier les points d’entrées sur des sujets dits marronniers [sujets qui reviennent chaque année] comme l’inflation, par exemple, pour que les habitants des quartiers soient comme tout le monde : dans un traitement banal de l’actu". Toutefois, Maryam El Hamouchi rappelle que "rien ne remplace le terrain. Il faut aller sur place pour voir ce qu’il se passe. Ne pas se contenter d’un coup de téléphone". Depuis le lancement de l’initiative en 2019, l’annuaire référence 301 contacts et 30 journalistes y adhèrent.

Valentine Brevet

Pour Maxime Daridan, délégué BFM/RMC pluralisme et diversité, l’objectif de « Vu des Quartiers » est de « parler plus justement et de façon plus équilibrée de ce qu’il se passe dans ces quartiers, et d’ainsi pouvoir rétablir un lien de confiance entre les journalistes et les habitants de banlieues ».

Pour Maxime Daridan, délégué BFM/RMC pluralisme et diversité, l’objectif de « Vu des Quartiers » est de « parler plus justement et de façon plus équilibrée de ce qu’il se passe dans ces quartiers, et d’ainsi pouvoir rétablir un lien de confiance entre les journalistes et les habitants de banlieues ».

Partager le goût de l'information

Photo Bastien Dufour

Photo Bastien Dufour

Alhussein Sano et Albéric De Gouville aux Assises Internationales du Journalisme de Tours le 29 mars 2023. Photo Bastien Dufour

Alhussein Sano et Albéric De Gouville aux Assises Internationales du Journalisme de Tours le 29 mars 2023. Photo Bastien Dufour

Alhussein Sano et Albéric De Gouville témoignent devant des lycées aux Assises Internationales du Journalisme de Tours 2023. Photo Bastien Dufour

Alhussein Sano et Albéric De Gouville témoignent devant des lycées aux Assises Internationales du Journalisme de Tours 2023. Photo Bastien Dufour

En exil, il sensibilise à la liberté de la presse

En France depuis un peu moins d’un an, le journaliste guinéen Alhussein Sano est venu présenter son parcours à des lycéens. Il est un exemple type de l’intérêt liberté de la presse.

9 h 15 dans une petite salle à côté du grand auditorium aux Assises Internationales du Journalisme de Tours. Albéric De Gouville, secrétaire général de l’information chez France 24 et président de la Maison des journalistes (MDJ), arrive pour animer une rencontre entre des lycéens et Alhussein Sano, un journaliste guinéen en exil hébergé à la MDJ. Ce dernier s’est égaré dans les bus tourangeaux, les autres dans les couloirs des Assises. Au bout d’une dizaine de minutes, la vingtaine d’élèves fait son apparition, suivie peu après de l’ancien animateur de télévision reconnu et directeur des programmes de la Radio Télévision Guinéenne (média public), en costume trois-pièces.

Le 4 août 2022, Alhussein Sano fuit la Guinée après près de 3 ans de tensions avec l’État. C’est d’abord le gouvernement d’Alpha Condé qui lui en veut depuis 2019 pour s’être opposé à la volonté de changer la Constitution pour que le Président puisse effectuer un troisième mandat. Cela lui coûte sa place dans l’audiovisuel public, au profit d’un militant du parti au pouvoir. Mais les gros ennuis commencent en septembre 2021 avec le coup d’État militaire effectué par la junte qui renverse le Président en place. Son refus de collaborer avec les nouvelles autorités lui coûte son logement. Le 29 juillet 2022, il retourne voir sa famille pour prendre des nouvelles et "en moins d’une demi-heure, deux pick-up de l’armée sont arrivés pour m’arrêter" confie-t-il aux lycéens. S’il a pu s’échapper, il a été contraint à l’exil en France où il est accueilli par la MDJ.

"Parler de mon métier qui a fait de moi ce que je suis"

Aux Assises Internationales du Journalisme de Tours, Alhussein Sano participe au programme "Renvoyé spécial" de la MDJ. C’est la quatrième fois qu’il intervient devant des élèves pour raconter son parcours. "Cela me permet de parler de mon métier qui a fait de moi ce que je suis et pourquoi je suis persécuté", explique-t-il. Pour Albéric De Gouville, le président de la MDJ, ce genre de rencontre est à la fois "formidable pour le journaliste qui témoigne et pour les jeunes qui sont sensibilisés et comprennent l’utilité du journalisme". Cela permet notamment de leur faire "comprendre en quoi cela consiste d’être privé de la liberté d’expression et que cela se traduit par des situations de vie dramatiques", explique Emilie Alexandre, professeure d’histoire-géographie-EMC au lycée Fondettes à Tours qui participe à l’intervention avec sa classe de seconde. "Est-ce que l’on tient bon pour ses convictions où l’on s’incline ? Chaque citoyen est face à cela au moins une fois dans sa vie" ajoute-t-elle.

"J’ai été ému par le silence de la salle"

La classe était particulièrement intéressée et les questions, pas préparées en avance, ont fusé avec une qualité que note Albéric De Gouville : "les questions des jeunes sont toujours très concrètes et pertinentes, plus que les questions des adultes qui cherchent à remettre dans le contexte". Mais les lycéens se sont plongés dans le récit, ne cachant pas leurs réactions et leur émotion, qui s’est transmise à Alhussein Sano : "aujourd’hui, c’est la première fois que je suis ému par le silence de la salle et l’intérêt que portaient ces élèves. Les mots me manquent ".

Bastien Dufour

La responsabilité journalistique à l'heure de l'urgence climatique

a reflection of a sky and clouds in water

Emanuele Del Rosso / Cartoon Movement

Photo by Nick Fewings on Unsplash

Urgence environnementale et responsabilités journalistiques 

Bilan du lancement de la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. A-t-elle réussi à pointer la nécessité de s’engager dans la profession sur les questions de l'urgence environnementale ? 

Il est à peine 14h, le mardi 28 mars, aux assises internationales du journalisme de Tours dans l’auditorium du Mame. La salle est pleine, attentive. Sur trois sofas anachroniques, Anne Sophie Novel, journaliste co-autrice de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique, Steven Jambot, journaliste à RFI, membre du collectif et signataire de la Charte et Alexandre Kouchner, rédacteur en chef du média l'ADN le shift, reviennent sur le lancement de la Charte.  

 “Il était temps de mettre un pavé dans la marre” déclare Anne Sophie Novel, pour éclabousser la profession. En avril 2022, l’idée de la Charte qui devait être un Manifeste pour fêter les 2 ans du média vert.eco, a jailli. La volonté était de créer “un texte intemporel n’ayant pas vocation à faire la morale ou à donner des leçons mais à mettre noir sur blanc 13 points qui constitueraient un socle sur lequel la profession pourrait se hisser afin de mieux traiter les questions d’urgence écologique”, explique Anne Sophie Novel. “L’objectif était de créer un texte fédérateur qui ne soit pas militant” ajoute Steven Jambot.

Des changements dans les pratiques journalistiques 

Un sondage a été réalisé auprès des signataires de la charte. 28% jugent qu’elle a permis des changements, 24% constatent un bilan mitigé et 48% ne voient pas de changements. Les signataires rapportent que depuis l’établissement de la Charte, ils interrogent de manière plus systématique l’impact environnemental du sujet qu’ils vont traiter. Il y a eu des créations de groupes climat environnement dans des rédactions et la formation continue sur la transition écologique a été renforcée. Si la publication n’a pas été suivie de faits dans certaines rédactions cela s’explique par “un manque de temps pour les publications quotidiennes et une hiérarchie des sujets pas suffisamment conscientisée” précise la co-autrice. 

“Ce n’est pas parce qu'elle n’est pas contraignante qu’elle n’est pas efficace” 

La charte ne sanctionne pas et ne contrôle pas les médias signataires pour s'assurer qu’ils la respectent. Anne Sophie Novel justifie que le Charte “ n’a pas vocation à contraindre, la charte est une boussole, on est là pour éclairer un cap, elle ne contraint pas au passage à l’acte”. Alexandre Kouchner voit dans cette absence de contrainte un renforcement de la responsabilité des journalistes : “c’est capital lorsque je suis face à ma copie, mon micro, ma caméra de me dire que l’information que je suis en train de produire est alignée avec les engagements que j’ai pris, pas avec ce qu’on m’a forcé à faire. Ce n’est pas parce qu'elle n’est pas contraignante qu’elle n’est pas efficace, au contraire comme elle nécessite un engagement réel de la rédaction ou des journalistes eux-mêmes, ça nécessite une implication quotidienne dans la manière dont on traite les sujets.” Steven Jambot rappelle qu’il existe une forme de sanction citoyenne via les réseaux sociaux, “des citoyens pointent du doigt des médias qui ne respectent pas la charte alors qu’ils l’ont signée”.

Nina Osmond

Résultat du sondage du collectif de la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique auprès de 10% des 1800 signataires (Crédit graphique : Nina Osmond)

Résultat du sondage du collectif de la charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique auprès de 10% des 1800 signataires (Crédit graphique : Nina Osmond)

De gauche à droite, Steven Jambot, journaliste RFI, Anne Sophie Novel, co-autrice de la charte et Sidonie Watrigant, directrice de l’ESJ pro, modératrice de la table ronde 28/03/2023 (Crédit photo : Bastien Dufour)

De gauche à droite, Steven Jambot, journaliste RFI, Anne Sophie Novel, co-autrice de la charte et Sidonie Watrigant, directrice de l’ESJ pro, modératrice de la table ronde 28/03/2023 (Crédit photo : Bastien Dufour)

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Jean-Pierre Dorian, directeur de la rédaction de Sud-Ouest à la 16e édition des Assises Internationales du journalisme de Tours avec Vincent Giret, directeur de l'information de Radio France à distance sur l'écran. Photo Bastien Dufour

Jean-Pierre Dorian, directeur de la rédaction de Sud-Ouest à la 16e édition des Assises Internationales du journalisme de Tours avec Vincent Giret, directeur de l'information de Radio France à distance sur l'écran. Photo Bastien Dufour

Edouard Reis Corona, rédacteur en chef de Ouest-France aux Assises Internationales du Journalisme de Tours 2023. Photo Bastien Dufour

Edouard Reis Corona, rédacteur en chef de Ouest-France aux Assises Internationales du Journalisme de Tours 2023. Photo Bastien Dufour

Les rédactions s’adaptent face à l’urgence climatique

Dans un contexte toujours plus anxiogène autour du climat, certains médias sont de plus en plus conscients de leur impact sur les mentalités et cherchent à s’améliorer.

Ils ont choisi de s’adapter ! De nombreux médias ont pris conscience de leur impact sociétal majeur au sujet du changement climatique et donc de la rigueur qu'ils doivent appliquer au traitement de ces thématiques. À Radio France, "l’élément déclencheur de nos difficultés à traiter les sujets scientifiques a été la crise du Covid-19 " explique Vincent Giret, directeur de l’information de l’entité publique aux Assises Internationale du Journalisme de Tours. Pour Édouard Reis Corona, rédacteur en chef de Ouest-France, le principal obstacle au traitement des thématiques environnementales c’est qu’elles relèvent "parfois [d’une] question scientifique complexe. La formation est un élément central, car avant de faire comprendre aux gens, il faut comprendre soi-même". Des formations rendues même obligatoires à Radio-France pour 250 personnes, allant des rédacteurs en chefs et stars de l’antenne aux journalistes des services "politique" et "économie". Car dans certaines rédactions, l’écologie est devenue transversale, qui s’applique à toutes les thématiques.

Lecteurs et auditeurs de plus en plus demandeurs

Pourtant, selon Édouard Reis Corona, pour "faire de l’audience il faut parler de tout sauf d’environnement". Si les chiffres restent assez peu conséquents en comparaison avec d'autres sujets, les journalistes constatent tout de même une augmentation de la demande du public. Selon Jean-Pierre Dorian, directeur de la rédaction de Sud-Ouest : "il y a eu une vraie prise de conscience l’été dernier". La région a été frappée par les grands incendies et des interrogations sont nées sur "comment faire pour que cela ne se reproduise plus", explique-t-il. Par ailleurs, l’évolution de l'audience de Ouest-France pour les sujets environnementaux sur le web est significative : "en quelques mois, on est passé d’un million à plus de cinq ou six millions de sessions chaque mois". Des mesures qui sont partagées du côté de Sud-Ouest. Les deux médias ont d’ailleurs fait le choix de mettre ces articles en "gratuit"sur leurs sites. C’est-à-dire sans paywall qui n’offre la possibilité de lire que les quelques premières lignes d’un article pour les non-abonnés. "L’important c’est que ces sujets soient vus", affirme Jean-Pierre Dorian. Il confie même l’espoir de voir ces thématiques "ramener les jeunes vers l’information".

En plus d’être plus demandeurs, les lecteurs et auditeurs réclament plus de cohérence entre les contenus et les engagements des rédactions. C’est-à-dire de plus réfléchir à l’impact environnemental même de la façon dont est construit et diffusé le reportage (pas d’avion, papier recyclé, etc.). Pour ce faire, ils n’hésitent pas à contacter les journalistes directement. Il en résulte donc une plus grande prise de conscience de certaines rédactions pour mieux traiter une urgence qui, selon Jean-Pierre Dorian,  "n’est plus contestée et contestable".

Bastien Dufour

Automatisation du travail journalistique : quand l'intelligence artificielle s'intègre aux rédactions

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Crédit : Illustration Fagiani / The Verge

L’intelligence artificielle, une arme du journalisme à garder sous contrôle

De CNET à Bild, en passant par Wired ou Buzzfeed, les rédactions utilisent de plus en plus GPT3, une intelligence générative, pour automatiser certaines productions... Pour certains, cette révolution technologique représente une menace pour l’emploi journalistique, lorsque d’autres y voient une opportunité pour produire davantage de contenus.

« 90 % des actualités seront rédigées par une IA d'ici 2025 », a déclaré l’experte Nina Schick à Yahoo Finance. Dans une salle de rédaction, les machines sont des collègues infatigables qui peuvent parcourir automatiquement des trésors de données, analysant presque tout, des balises SEO, en passant par le contenu généré par l'utilisateur ou les publications sur les réseaux sociaux. Mais les IA sont-elles amenées à faire disparaître le journalisme ou à la révolutionner ? C’est sur cette question que se sont penchés Asma Mhalla, spécialiste des enjeux géopolitiques du numérique et Benoît Raphaël, fondateur de FLINT.

Au Washington Post, plus de 850 articles rédigés par une IA

« Plus qu’une révolution technologique, c’est une révolution des usages », avance Asma Mhalla. Depuis 2016, The Washington Post a mis au point un outil baptisé Heliograf. Cette IA a rédigé plus de 850 articles, dont 500 consacrés aux élections. Ces articles ont permis au média américain de générer 500.000 clics. Le fil de presse Associated Press (AP) est passé de la production de 300 articles sur les rapports des résultats des entreprises chaque trimestre à 3.700 grâce à l'utilisation de l'IA. Aujourd'hui, la salle de rédaction d'AP génère environ 40.000 articles par an.

En France, la start-up Syllabs aide une vingtaine de médias, dont l'Express, le Monde, 20 Minutes ou encore France.tv, à rédiger du contenu grâce à un moteur de rédaction mis au point par des linguistes.

« Le risque se trouve dans les patrons des médias pas dans l’IA »

Pour de nombreux journalistes, l'idée de partager l'espace avec l'intelligence artificielle est menaçante. Cette automatisation constitue un danger pour l’emploi et l’identité journalistique, en accomplissant un travail habituellement dévolu aux humains. Mais d’après Benoît Raphaël, l'IA ne vise pas à remplacer le travail des journalistes : "Elle prend plutôt en charge des tâches répétitives, simples ou à forte intensité de données afin que les journalistes humains puissent se concentrer sur les sujets qui nécessitent une vision créative, une analyse multifacette et un bon discernement."

"Le risque se trouve dans les patrons des médias pas dans l’IA, signale-t-il. Les entreprises de presse y voient une opportunité d’économiser de l’argent en virant des journalistes pour les remplacer par des machines". Selon The Verge, c’est le cas du site CNET au sein duquel 12 personnes ont été licenciées au profit de l’intelligence artificielle.

En fin de compte, comme l’indique Chat GPT à la question "IA, ami ou ennemi du journalisme ?", tout dépend de la façon dont la profession se servira de ces technologies pour produire des informations précises et impartiales pour le public. "Désormais, l’objectif est de rester maître de l’outil", conclut Asma Mhalla.

Valentine Brevet

D’après Benoît Raphël, fondateur de FLINT, l’IA « prend en charge des tâches répétitives […] afin que les journalistes humains puissent se concentrer sur les sujets qui nécessitent une vision créative, une analyse multifacette et un bon discernement ». Crédit : Illustration générée par Bing Image Creator

D’après Benoît Raphël, fondateur de FLINT, l’IA « prend en charge des tâches répétitives […] afin que les journalistes humains puissent se concentrer sur les sujets qui nécessitent une vision créative, une analyse multifacette et un bon discernement ». Crédit : Illustration générée par Bing Image Creator

Conférence au MAME avec de gauche à droite : Xavier Eutrope, journaliste à la revue des médias de l’INA, Mathilde Saliou et Cyrille Frank.

Conférence au MAME avec de gauche à droite : Xavier Eutrope, journaliste à la revue des médias de l’INA, Mathilde Saliou et Cyrille Frank.

Mathilde Saliou, journaliste à Next INpact (photo : Jean Tramier)

Mathilde Saliou, journaliste à Next INpact (photo : Jean Tramier)

Cyrille Frank, directeur de la formation et de la transformation numérique de CosaVostra (photo : Jean Tramier)

Cyrille Frank, directeur de la formation et de la transformation numérique de CosaVostra (photo : Jean Tramier)

Danger des bulles informationnelles : comment éviter que les algorithmes nous imposent un menu unique ?

Elles existent sans vraiment exister, elles représentent un danger, mais journalistes et citoyens ne sont pas sans solutions.

Le terme n’est pas nouveau, il est créé en 2010 par l’activiste d’internet Eli Pariser. Pour lui, la "bulle de filtre" désigne à la fois le filtrage de l’information qui parvient à l’internaute par différents filtres, et ce qu’il appelle l’état "d'isolement intellectuel et culturel de l’individu". Les bulles de filtres sont créées par le biais des algorithmes, eux même programmés par les humains.

Il faut bien faire la différence entre un algorithme (ensemble de règles opératoires) et une interface (comme les réseaux sociaux), cependant ils sont complémentaires. Un j’aime sur une interface comme celle de TikTok va alimenter les connaissances de l’algorithme sur l’utilisateur pour ensuite personnaliser le contenu affiché. Le but des plateformes : capter notre attention et capitaliser sur nos données personnelles.

Fracture sociale

De nombreuses inquiétudes se font entendre depuis la création des réseaux sociaux avec leurs algorithmes opaques. Pour Cyrille Frank, directeur de la formation et de la transformation numérique de CosaVostra, "ces bulles informationnelles accentuent une fracture sociale déjà existante. Elles referment les gens sur eux même". Mathilde Saliou, journaliste à Next INpact ajoute que "ces bulles créent une véritable spirale de la radicalisation. 74% des utilisateurs de Facebook présents dans un groupe extrémiste y sont entrés après des 'recommandations' mises en avant par la plateforme." Malgré le faible nombre d’études scientifiques sur le sujet, on sait davantage comment fonctionnent ces bulles. Percer le secret bien gardé des algorithmes est désormais possible grâce aux analyses en rétro-ingénierie (étudier un objet pour en déterminer le fonctionnement interne).

"On adore voir des gens s’engueuler, surtout quand on n’est pas dedans"

Les algorithmes créent les bulles informationnelles en favorisant les contenus clivants, qui suscitent de l’engagement (j’aime, commentaire, repartage…). Même les émojis sont de la partie, détail Mathilde Saliou : "les émojis en colère sont davantage mis en valeur par les algorithmes que les émojis heureux. Cela s’explique par le fait qu’ils soient clivants, ou en lien avec du contenu qui l’est. Les utilisateurs s’arrêtent sur ces contenus clivants, ils ne partent pas." Mais alors pourquoi ? Cyrille Frank complète : "Des études de comportementalistes démontrent que l’être humain a besoin de sources de conflit pour survivre. Le conflit est dans ce contexte un facteur d’adaptabilité. C’est notamment pour ça que sur les réseaux sociaux on adore voir des gens s’engueuler, surtout quand on n’est pas dedans". Les plateformes l’ont bien compris et ne font qu’exploiter nos biais humains.

Twitter est une véritable caisse de résonnance, d’autant plus lorsqu’une fausse information est mise en avant artificiellement par de faux comptes notamment. Et c’est une spirale infernale, car les chaînes d’information en continu reprennent les tendances twitter (clivantes) pour ensuite produire des émissions dont les extrais les plus virulents susceptibles de générer de l’engagement seront repostés sur les réseaux. L’extrême droite française est adepte des techniques de mise en avant de ses sujets, car pendant longtemps les médias ne lui ont pas tendu leurs micros.

De nombreuses solutions existent

Mathilde et Cyrille sont unanimes : "la première des solutions est qu’il faut plus de transparence des algorithmes. Les chercheurs le demandent pour créer un débat plus large sur les bulles informationnelles. " Les réseaux sociaux sont avant tout des espaces très sociaux et éminemment politiques.

Selon Mathilde, la vulgarisation de ces sujets auprès du grand public serait fort utile pour développer l’esprit critique des citoyens et lutter contre les biais cognitifs. Cela vaut pour les journalistes, provenant très majoritairement de formations en sciences humaines et sociales, qui devraient acquérir une culture numérique pour comprendre les mécaniques du numérique et être responsable.

Cyrille avance une autre solution, celle d’un "algorithme de service public". Un algorithme ouvert, sans pubs, qui ne récolterait pas d’information personnelle pour proposer du contenu ciblé, mais qui inciterait au contraire à la découverte. C’est ce qu’a fait Radio France pour son application. Un réseau social alternatif sur ce modèle fonctionnerait-il ? Mastodon, le rival de Twitter a lui fait le choix de ne pas utiliser d’algorithme. Face à des utilisateurs de twitter qui fuient la plateforme jugée trop violente, peut-être que les réseaux sociaux décentralisés et sans bulle informationnelle sont la solution.

Les solutions existent pour les journalistes comme pour les citoyens. Il en va pour tous de retrouver le goût de l’info.

Baptiste Bozon

Pour en savoir plus sur les conférences pour une réflexion collective sur le journalisme :

Programmation des assises du journalisme de Tours 2023

Tables rondes, débats, ateliers et conférences

La chaîne youtube des Assises du fillJournalisme de Tours, Tunis et Bruxelles.

Rediffusion de huits conférencs des assises du journalisme 2023, de la remise des prix EMI 2023, du Panthéon du journalisme et d'une carte blanche à Erik Orsenna